SM 03/04/2020, 18h34SM | | Si R0 est le taux de contamination ...
L’objectif R0=1,x
Pourquoi avons nous choisi la « quarantaine » pour gérer le Covid ? Pourquoi la « quarantaine » sera à minima une « centaine » et non une « quinzaine » qui correspond à la période d’incubation du virus ? Et pourquoi avons nous tout de même le droit de sortir de chez nous ? Tout ça peut paraître contradictoire mais c'est en fait très logique ...
Quelques principes simples : 1-Le taux de mortalité des individus symptomatiques est directement dépendant de la qualité de prise en charge des malades. Dans un univers optimum il s’abaisse à 1% des individus (singapour) A défaut d’une prise en charge de qualité le taux de décès peut dépasser 5% (8% en Italie).
2- Si taux naturel de contamination est de R0=3 la population contaminée triple (pour faire simple) tous les 10 jours - période de contagion des malades symptomatiques -.
3- En moyenne 10% des malades symptomatiques doivent être pris en charges à l’hôpital. Ce taux est, statistiquement, fonction croissante de l’âge du patient Moins de 20 ans : peu de symptômes 20 - 65 ans : faible taux de malade nécessitant une prise en charge hospitalière, sauf comorbidité. Plus de 65 ans : augmentation des taux de décès. Tout âge confondu, pour une large proportion des malades hospitalisés (sans doute la moitié), un lit en réanimation sera nécessaire.
4- La France dispose de 10 000 lits de réanimation. Donc si la France dépasse les 200 000 malades symptomatiques elle sature son nombre de lits en réanimation et par voix de conséquence augmente son taux de décès.
Bien entendu, tous les chiffres ci-dessus sont approximatifs, mais cela n’altère en aucun cas le raisonnement. Face à cette situation 3 scénarii de santé publique peuvent s’appliquer
1- Laisser le virus faire son œuvre. A ce rythme Notre courbe hypothétique est la suivante : 1er Mars 1000 malades 10 Mars 3000 malades 20 mars 9000 malades 30 mars 27000 malades 10 avril 81 000 malades 20 avril 242 000 malades 30 avril 729 000 malades 10 mai 2 187 000 malades 20 mai 6 500 000 malades 30 mai 20 000 000 malades 10 juin 60 000 000 malades Dans le cas de la France, par exemple, à partir du 15 avril avec 150 000 malades les hôpitaux sont saturés Le 30 mai on compte 1.000.000 de morts Le 10 juin on compte 3.000.000 de morts 60% de la population est finalement touchée. Le virus disparaît petit à petit laissant derrière lui entre 1 et 3 millions de morts. C’est ce qui risque de se passer dans des pays qui ne bénéficient d’aucun système de santé. Pour des raisons économiques le royaume-uni et les États Unis on été tentés par cette option. Ils y ont finalement renoncé. Mais d’autres pays n’auront pas le choix.
2- Exactement à l’inverse On bloque au mieux la propagation du virus Objectif : essayer de neutraliser le virus avant qu’il ne puisse se développer. A- Individuellement : Strict respect des gestes barrières Chaque personne malade est mise en quarantaine avec son environnement proche. Toutes les personnes que le malade a croisé dans les 2 dernières semaines (en moyenne 800 personnes) sont testées et surveillées. B- Collectivement : on accepte, respecte et encourage ces gestes barrières. On détecte au premier doute. On interdit les réunions et rassemblements. Le R0 est Inférieur ou égal à 1 : le nombre de cas reste stable ou régresse.
Avantage de cette méthode : Pas de confinement complet Très peu de mortalité Impact maîtrisé sur l’économie
Inconvénient de cette méthode : Pas d’immunité de groupe Risque de subir une « seconde vague » Risque de cas importés Exemple de mise en œuvre de cette stratégie : Singapour, la Corée du Sud ...
3- On « aplatie la courbe » Objectif atteindre une immunité de groupe avec le taux de mortalité le plus faible possible. Option retenue en Europe et en France en particulier.
Dans notre exemple Si le 15 avril j ai 150 000 malades symptomatiques et que le taux de contamination (R0) est maintenu autour de 1,x Il n’y a pas beaucoup plus de personnes à l’hôpital que de nombre de lits et le taux de mortalité reste faible Mais il faut 200 jours pour que 60% de la population ait été atteinte par le virus A partir de ce seuil naturellement le R0 commence à diminuer et le « deconfinement » peut commencer.
Avantage de cette solution : On atteint une immunité de groupe avec un taux de mortalité faible (probablement 1% ou 2% des malades symptomatiques) On peut choisir la population que l’on expose au virus, en choisissant les modes de confinement (et donc de propagation) On va faciliter le transfert du virus au sein d’une population jeune (active) et donc moins fragile (on va donc encore abaisser le taux de mortalité) jusqu’à arriver à l’immunité de groupe.
Inconvénient : Enjeu économique majeur dû au confinement qui pourrait durer 4/6 mois. A ce stade : Faillites en cascade Déflation Explosion de système fiscal Exacerbation des nationalismes ...
Il faut donc écourter au maximum la période confinement.
4 facteurs interviennent pour diminuer cette durée :
1- Atteindre au plus vite le seuil de saturation des lits sans le dépasser : On diffère le confinement et on maintient les élections pour atteindre rapidement le plateau épidémiologique (150 000 malade à l’échelle de la France) puis, on pilote le R0 : on l’abaisse avec un confinement plus strict et à l’inverse on l’augmente en autorisant plus de circulation (du virus).
2- Augmenter le nombre de lit. On peut donc augmenter le R0 et le nombre de malades simultanément traités. Ce facteur est linéaire : 2 fois plus de lits, c’est une durée de confinement divisée par 2. Dans notre exemple 10 000 lits de réa permet d’avoir un plateau épidémiologique à 200 000 malades et donc une quarantaine de 200 jours. 20 000 lits de réa permet d’avoir un plateau épidémiologique de 400 000 malades et donc une quarantaine de 100 jours. (En imaginant que les malades sont repartis de façons homogènes sur le territoire, ce qui est évidement faux) Intéressant de constater que l’Allemagne, qui dispose de 25 000 lits de réa, peut échapper au confinement (pour le moment), en abaissant le R0 avec de simples gestes barrières et se préserver de la « quarantaine »
3- On abaisse l’âge moyen des malades qui présentent des risques symptomatiques plus faibles (en laissant travailler les actifs) : Le virus se propage plus vite mais fait peu de dégâts. 4- On teste un échantillon large de malades avec des tests sérologiques pour établir le nombre de personnes ayant réellement été malades. On espère trouver une forte proportion de personnes ayant été porteurs non symptomatiques. 5- Dans l’intervalle ... On se donne du temps pour trouver traitement ou vaccins qui pourront abaisser encore le taux de mortalité et accélérer l’immunité de groupe
.... dans tous les cas on espère que le virus ne mute pas !
Voilà ma compréhension de la gestion de la crise du COVID - 19 en Europe (et en France en particulier).
Donc ...
1- Nos politiques pilotent cette crise ni bien ni mal, mais de la seule façon possible. 2- Restez chez vous mais ... Pas complètement, si vous êtes jeunes. Allez travailler. Il faut que le virus se propage mais de façon contrôlée. 3- En exposant une population plus jeune au virus on abaisse l’âge médian des personnes médicalisées (ce que l’on constate actuellement) et on gagne du temps sur le confinement.
Si il faut que 60 % de la population ait été exposé au COVID pour atteindre une immunité de groupe ... ... Il faut que cette population soit jeune et en bonne santé et le cas échéant puisse être accueillie à l’hôpital. 40 millions de jeunes (moins de 64 ans) exposés c’est 25 000 morts dans des conditions d’accueil optimum à l’hôpital. 0,0X % jusqu'à 44 ans 0,4% jusqu’a 64 ans 0,7 % jusqu'à 75 ans 4 % au delà 75 ans 40 millions de seniors atteints c’est 1 million de morts Les 75 ans ou plus représentaient 78,3 % des décès, les 65-74 ans 14,4 %, les 45-64 ans 6,3 %, et les 15-44 ans 1 %. 2,4 % des patients décédés sont âgés de moins de 65 ans et ne présentent pas de comorbidité TÉMOIGNAGE PUBLIÉ EN RÉPONSE A L'ARTICLE - Questions réponses sur le Coronavirus COVID-19 ? |